La Zone franc va se transformer, pour notamment participer au projet demonnaie unique de la Cédéao dont l’ambition est de voir le jour en 2020. Si la France ne voit pas d’objection à cette transformation, il apparaît évident qu’elle se fera par étapes et sur une temporalité longue, tant les obstacles politiques et économiques sont nombreux.
La France entend les critiques et sait qu’il y a une attente sur la transformation de la Zone franc.
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie : « Nous sommes ouverts à une réforme ambitieuse de la Zone franc. Nous sommes disponibles et nous sommes prêts. Ensuite, c’est aux États membres de décider ce qu’ils souhaitent. C’est à eux et à eux seuls. »
Paris est donc disponible, mais Bruno Le Maire rappelle les avantages que la Zone franc représente. « D’abord, elle permet à tous les États membres de travailler ensemble et de faire converger davantage les économies. Nous voyons que dans le monde instable où nous sommes – c’est la même chose pour la zone euro – être ensemble, ça protège. Le deuxième acquis de la Zone franc, c’est la stabilité des taux de change. C’est essentiel pour faciliter le commerce entre les États et garantir une faible inflation. Enfin, cette zone présente un très bon bilan économique, c’est donc aussi un espace de prospérité. »
Les chiffres de l’inflation sur le continent en 2018 donnent une inflation inférieure à 2% pour la Zone franc contre environ près de 10% dans les autres pays d’Afrique subsaharienne, selon le Gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.
La transformation du franc CFA semble déjà enclenchée, probablement pour une longue durée. Romuald Wadagni, ministre béninois de l’Économie et des Finances et président du conseil des ministres de l’UEMOA, l’Union économique et monétaire ouest-africaine : « Les pays ont pris leurs responsabilités et ont déjà pris l’initiative. Les chefs d’États de l’UEMOA ont reconnu que leurs pays seraient prêts en 2020 à basculer à la monnaie éco, la monnaie de la Cédéao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest]. Changer de monnaie, c’est un processus long. »
La future monnaie de la Cédéao aura un régime de change flexible, mais en attendant que tous les 15 États membres adoptent l’éco, il gardera un régime fixe par rapport à l’euro. Ce changement de monnaie attendu aura peu d’influence sur la place financière de la l’UEMOA, selon Edoh Kossi Amenounve, directeur général de la BRVM, la bourse basée à Abidjan. « Je ne pense pas qu’il faille faire un lien entre le dynamisme de la bourse et la monnaie. Le dynamisme de la bourse est souvent porté par les entreprises qui sont cotées et comment elles rémunèrent leurs actionnaires. Nous avons besoin d’économies qui ont une monnaie qui inspire confiance et les investisseurs ont besoin d’avoir une certaine lisibilité aussi sur la politique monétaire. »
Il y a pourtant un paradoxe : plusieurs filiales locales de sociétés européennes et françaises boudent le marché financier de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.
La bourse de Casablanca ou celle de Nairobi par exemple – le Maroc, comme le Kenya, disposant d’une monnaie nationale soumise au régime de change flexible – est plus dynamique que la bourse d’Abidjan, parce que Casablanca ou Nairobi a un plus grand nombre de sociétés cotées que la place financière des 8 pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.
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