Une grève générale, émaillée de nouveaux incidents, a débuté mercredi  pour contester le dépouillement de la présidentielle de dimanche donnant quasiment vainqueur le président sortant Evo Morales, qui dénonce un « coup d’Etat ».

La Bolivie attend les résultats définitifs des élections présidentielles depuis maintenant trois jours dans un climat de tension. Face à l’incertitude et au soupçon de fraude, l’opposition manifeste partout dans le pays. Des heurts ont éclaté mercredi à Santa Cruz, bloquée par la grève. Dans les rues de La Paz, ce sont à la fois les opposants et les partisans d’Evo Morales qui ont défilé.

Les partisans du président veulent montrer, eux aussi, qu’ils sont nombreux et déterminés. «  Nous on leur dit : ils ne reviendront pas au pouvoir. Car ça nous a coûté de construire la Bolivie et nous sommes très contents du travail qu’a fait notre président Evo. »

Eusebia, présente dans la foule, affirme comme beaucoup d’autres, que s’il y a un second tour, elle est prête à lutter pour Evo Morales, son président. « Un second tour, impossible, il n’y arrivera pas Mesa. Et puis nous sommes très bien préparés. Nous les gens de la campagne on va tout bloquer, on va rien laisser entrer dans la ville, ni patates ni légumes, rien du tout. »

En parallèle de cette concentration, qui est restée pacifique, les étudiants de l’opposition se sont réunis devant la Cour électorale, qu’ils accusent toujours de fraude. « Nous sommes là pour dire notre désaccord avec tout ce que fait Evo Morales, avec la fraude qu’il a mise en place. Il ne respecte pas le vrai vote du peuple. Et c’est absolument faux que l’on est contre le vote des peuples indigènes, des ruraux, nous, on est là à cause de la fraude. »

« Mobilisation permanente »

Le candidat de l’opposition, Carlos Mesa qui réclame la tenue d’un second tour, a appelé de son côté à la « mobilisation permanente » pour « défendre le vote ». « J’aimerais vous dire, monsieur le président, que nous ne permettrons pas que vous nous voliez pour la deuxième fois une élection,a-t-il lancé à ses partisans. Nous allons rester mobilisés en permanence jusqu’à ce que vous reconnaissiez qu’un second tour doit avoir lieu. C’est en ce sens-là que le peuple s’est exprimé. »

« Cet appel à la mobilisation est fondé sur une attitude démocratique et pacifique, démocratique et non-violente, a poursuivi l’opposant.J’appelle toutes les forces vives du pays, tous les partis politiques, les organisations de la société civile, le Comité national de défense de la démocratie, toutes personnalités importantes de ce pays, à constituer un noyau dur pour défendre la démocratie. »

Mais les deux camps – opposition et partisans d’Evo Morales – semblent irréconciliables. Et désormais, à quasiment 98% des votes recomptés, il y a moins de 10 points entre les deux principaux candidats. Un second tour devrait avoir lieu.

Les propositions du président chilien Piñera ne convainquent pas la rue

Des dizaines de milliers de personnes ont encore manifesté mercredi 23 octobre à Santiago du Chili, au cinquième jour d’une mobilisation qui a fait au moins 18 morts selon un bilan officiel. Malgré des propositions de réformes sociales de la part du président Piñera, la colère continue de gronder dans la rue.

Le mea culpa du président Sebastian Piñera mardi  soir, puis la série de promesses de réformes sociales comme l’augmentation des minima vieillesse et le gel du tarif de l’électricité le 23 octobre n’ont pas convaincus les manifestants. Ces derniers sont descendus une nouvelle fois dans les rues des principales villes du pays, malgré l’état d’urgence, pour exiger des réformes profondes en vue de lutter contre les inégalités sociales.

Cette fois-ci, les manifestants, surtout des jeunes, ont pu avancer sur l’Alameda, la principale avenue de Santiago. Mais ils doivent rapidement faire demi-tour : les forces de l’ordre les empêchent d’approcher du palais présidentiel de la Moneda.