La principale organisation indigène d’Équateur a accepté ce samedi 12 octobre de dialoguer avec le président Lenin Moreno, qui a de son côté décrété un couvre-feu à Quito face aux « intolérables » violences, au 11e jour d’une crise sociale sans précédent provoquée par des réformes économiques en échange d’un prêt du FMI. La première réunion entre le pouvoir et la Conaie se tient ce dimanche à Quito, annoncent dans un communiqué commun l’église catholique et les Nations unies.

Confronté à la pire crise de son mandat, Lenin Moreno, élu en 2017, a annoncé sur Twitter l’entrée en vigueur à 15h00 (20h00 TU) d’un couvre-feu à Quito et ses alentours, où il a également ordonné la mise en place d’un contrôle militaire. Le chef de l’État avait déjàtransféré, lundi, le siège du gouvernement à Guayaquil (sud-ouest), tandis que l’état d’urgence avait été décrété pour 60 jours et que 74 000 militaires et policiers avaient été déployés.

« Après un processus de consultation avec les communautés, organisations, peuples, nationalités et organisations sociales, nous avons décidé de participer au dialogue direct » avec Lenin Moreno, a déclaré samedi dans un communiqué, avant l’établissement du couvre-feu à Quito, la Confédération des nationalités indigènes de l’Equateur (Conaie).

Scènes de guerre à Quito

C’est que Quito a vécu une journée de tensions sans précédent, rapporte notre correspondant Eric SamsonDe violents affrontements ont eu lieu dans la capitale, entre manifestants jetant des pierres et tirant des fusées artisanales et forces de l’ordre répliquant avec des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Des manifestants encagoulés ont en outre mis le feu au bureau de l’Inspection générale des Finances, dans le nord de Quito. Le bâtiment a été attaqué à l’aide de cocktails Molotov et, peu après, un groupe d’hommes, la plupart avec le visage masqué ou portant des casques, y est entré, le saccageant. Les locaux d’une télévision et d’un journal ont aussi été attaqués.

Les indigènes acceptent le dialogue

Vendredi, dans une allocution télévisée, le chef de l’Etat avait appelé les dirigeants indigènes, fer de lance de la contestation, à « dialoguer directement » afin de « trouver des solutions » à la crise déclenchée par son annonce de réformes, en contrepartie d’un prêt du Fonds monétaire international (FMI) de 4,2 milliards de dollars.

La Conaie a d’abord dit non, estimant que cette offre de dialogue « manquait de crédibilité ». Elle a ajouté qu’elle ne négocierait qu’une fois « abrogé » le décret supprimant les subventions sur le carburant, la mesure la plus controversée. L’organisation accepte désormais une rencontre avec le président pour discuter du « retrait ou la révision du décret », après plus d’une semaine de manifestations qui ont fait cinq morts et 2 000 blessés. On a finalement appris dans la nuit que la première réunion se tiendrait ce dimanche à Quito. La réunion a été annoncée dans un communiqué commun des Nations unies et de l’église catholique sur Twitter.


Syrie: les bombardements de l’armée turque ont poussé 100000 civils à fuir

L’offensive de la Turquie dans le nord-est de la Syrie n’est pas sans conséquence sur les populations civiles. L’ONU parle de 100 000 déplacés en raison de ces combats, et une ONG compte 54 combattants kurdes et 17 civils morts. Du côté turc de la frontière, le côté le plus calme, les villes commencent tout de même à se vider.

Les habitants fuient progressivement, car ils ne savent pas combien de temps cettesituation va durer ni quelle est la capacité réelle de résistance et de réponse des forces kurdes syriennes. Dans certaines villes, des opérations d’évacuation ont été menées par les autorités elles-mêmes.

Plusieurs tirs de mortiers ont touché des bâtiments civils. Dans la ville d’Akçakale où nous nous trouvons, toute la journée nous avons entendu des propos à la gloire du président Erdogan. « Il faut anéantir les terroristes soutenus par les États-Unis. » Voilà en résumé les propos tenus par ceux qui acceptent de nous parler.

Un vieil homme nous confiait tout de même qu’il aurait préféré que les autorités préparent mieux cette opération en prenant en compte les civils, car en réalité tout le monde est dans l’attente.

Alors que les rues sont de plus en plus désertes, les détonations des tirs de l’artillerie turque ont rythmé la journée. Ils visent la ville d’en face, Tall Abyad, pendant que les milices soutenues au sol par Ankara encerclent petit à petit la zone urbaine syrienne.

Ainsi à Akcakale, depuis un jardin public aux buissons bien ordonnés, on peut observer une fumée menaçante s’élever vers le ciel. Un contraste étrange entre le calme, côté turc, et l’horreur que l’on ne peut qu’imaginer à quelques kilomètres de nous.