Les épargnants s’inquiètent des mesures de contrôle des changes instituées par le gouvernement du président de Mauricio Macri pour freiner la fuite des capitaux qui a suivi da défaite aux primaires du 11 août face au péroniste Alberto Fernández. Ces mesures limitent notamment les retraits bancaires de dollars, monnaie d’épargne traditionnelle des Argentins.
Préoccupation oui, panique non. C’est ainsi qu’on peut résumer la réaction des Argentins aux mesures de contrôle des changes. Melisa, une kinésithérapeute de 40 ans, avait vu venir le coup. « Je suis en l’attente de voir ce qui va se passer et comment cela va nous affecter. Mais j’ai anticipé et retiré tout ce que j’avais en dollars… »
Leonardo, un expert-comptable de 43 ans, n’a pas touché à son compte épargne en dollars. « Les mesures de contrôle des changes ne me paraissent pas mal. Je crois qu’on aurait dû les prendre plus tôt, pour éviter cette saignée et donner plus de prévisibilité au marché. J’ai gardé mes avoirs à la banque. Pas parce que j’aie confiance dans le système : on peut me voler mes dollars à la banque comme à la maison où n’importe où ! »
Pour beaucoup d’Argentins, le contrôle des changes était nécessaire. Et il n’y a pas eu d’affluence exceptionnelle ce mardi dans les banques pour retirer des dollars. Mais ils ont été nombreux à acheter des billets verts, comme nous le raconte Miguel, un cambiste informel.
« Le billet de 100, nous le payons à 59 et on le vend à 64. Ceux qui achètent sont de Argentins, et de plus en plus depuis qu’il y a eu ces mesures. Ils achètent pour épargner et pour vendre plus cher dans quelque temps. Peut-être à 70 ou plus ! » Les Argentins et le dollar, c’est toute une histoire.
L’Argentine reprend le contrôle sur les changes pour limiter la chute du peso
En Argentine, le gouvernement de Mauricio Macri a imposé dimanche 1er septembre un contrôle des changes aux entreprises et particuliers. Cette mesure a été prise pour tenter de rassurer les marchés effrayés par la perspective d’un défaut de paiement.
Les entreprises argentines exportatrices devront désormais obtenir une autorisation de la banque centrale pour acheter des devises, notamment américaines. Les particuliers pourront toujours le faire, mais dans la limite de 10 000 dollars par mois.
Ce contrôle des changes a pour objectif de limiter la volatilité du peso argentin, qui a chuté de 20 % en deux semaines en raison des incertitudes qui planent sur les finances nationales. En pleine crise économique, l’Argentine connaît une inflation dévastatrice.
Cette mesure, après la demande de rééchelonnement de la dette adressée au Fonds monétaire international (FMI), permet surtout au gouvernement de gagner du temps. Gabriel Giménez-Roche, professeur d’économie à l’école de commerce NEOMA explique : « Pour le moment, il faut essayer de contrôler la sortie des dollars du pays parce que les investisseurs paniquent. Donc là, on gagne du temps, on essaye de contenir la sortie des dollars pour voir ce qu’il va se passer. Mais les marchés ne sont pas nécessairement rassurés avec ça. »
Des marchés d’autant moins rassurés que le favori de la présidentielle du mois d’octobre n’est pas le président sortant, le libéral Mauricio Macri, mais le péroniste Alberto Fernandez, proche de l’ancienne présidente Cristina Kirchner, très hostile au FMI et aux politiques d’austérité économique.
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