Facebook doit dévoiler mardi le lancement, en 2020, du libra, sa propre cryptomonnaie, utilisable sur ses applications et sur des sites partenaires.

Facebook se lance dans les monnaies virtuelles. Le réseau social de Mark Zuckerberg dévoile mardi le mode d’emploi et les règles de sa propre cryptomonnaie. Dénommée libra, elle devrait être lancée début 2020, selon les informations des Échos, mais n’a pas grand-chose en commun avec la plus connue des monnaies virtuelles, le bitcoin. On vous explique comment le libra va fonctionner et ce qu’il peut changer pour vous.

Où pourra-t-on acheter du libra et pour combien ?

On pourra acheter du libra directement sur Facebook, via une application dédiée. Il sera aussi probablement disponible sur la plupart des plateformes d’échange de cryptomonnaies. Facebook s’est ainsi associé avec Coinbase, un gros acteur de la vente et de l’achat de bitcoin.

La présence de Visa et Paypal parmi les partenaires du projet incite aussi à penser qu’ils sera possible de “retirer” du libra, changé en euro ou en dollar, physiquement.

Le coût du libra reste une inconnue à l’heure actuelle. Mais il y a fort à parier qu’au départ, un euro devrait être à peu près équivalent à un libra, pour ne pas trop déstabiliser les utilisateurs peu familiers des rouages des cryptomonnaies (et ils sont très nombreux). La valeur du libra pourra fluctuer un peu mais son cours sera déterminé par une fondation, basée à Genève, en Suisse, regroupant tous les partenaires du projet.

À quoi servira cette monnaie virtuelle ?

Le libra servira de monnaie pour faire son shopping sur Facebook, Instagram et Whatsapp. On pourra notamment s’en servir sur les deux premiers réseaux sociaux, par exemple sur le Marketplace, équivalent du Bon Coin mais sur Facebook. Et puis sur Instagram, on pourra bientôt payer directement en cliquant sur la photo d’un produit, en euro d’abord et donc possiblement en libra dès 2020.

Le libra servira aussi de monnaie d’échange sur les 27 sites partenaires de Facebook : Uber, Spotify, eBay, Booking.com, Iliad (maison-mère de Free), entre autres. On pourra donc payer son VTC, son abonnement de streaming musical ou son hôtel avec la monnaie virtuelle de Facebook. Et cela pourrait aller plus loin rapidement puisque Facebook espère recruter de nouveaux partenaires avant le lancement de sa cryptomonnaie.

C’est quoi l’intérêt par rapport à un paiement en euro ?

Pour convaincre les utilisateurs de payer en libra plutôt qu’en euro, Facebook va devoir trouver des leviers. Pour que sa monnaie virtuelle soit plus intéressante, il devrait y avoir des réductions pour les utilisateurs qui payeront en libra sur Facebook et les sites partenaires. On peut ainsi imaginer qu’une course en Uber coûtera peut-être quelques centimes de moins, voire plus, si elle est réglée en cryptomonnaie.

Et puis, on pourra aussi échanger des libra avec d’autres utilisateurs de Facebook, sans la moindre commission contrairement aux banques traditionnelles. Pratique pour les remboursements entre amis.

Les cryptomonnaies, c’est quand même risqué, non ?

C’est sûr que si on pense au bitcoin, la monnaie virtuelle la plus connue qui n’arrête pas de faire le yoyo en Bourse, ça peut faire peur. Mais, a priori, le libra sera beaucoup plus régulé, pour éviter justement toute spéculation. En fait, la monnaie de Facebook sera indexée sur des devises solides : l’euro, le dollar, le yen et la livre sterling. Donc, sa valeur ne devrait pas beaucoup bouger. L’idée c’est que tous les utilisateurs de Facebook puissent s’en servir facilement, sachant que ce n’est globalement pas un public de boursicoteurs.

Et nos données de paiement, elles seront en sécurité ?

C’est LA grande interrogation. Facebook collecte déjà beaucoup de données d’utilisateurs mais ne s’est guère montrée rassurant quant à leur gestion ces dernières années, comme en témoignent les multiples scandales. Avec le libra, le réseau social aura en plus accès à nos habitudes de consommation, ce qui n’est guère rassurant.

Mais la monnaie virtuelle de Facebook devrait être gérée par la fondation basée en Suisse, et non aux États-Unis, avec des règles plus strictes en terme de stockage des données personnelles. Par ailleurs, les 27 partenaires de Facebook ne devraient pas pouvoir y accéder.

Que gagne Facebook dans tout ça ?

Gratuit et sans commission, le libra paraît trop beau pour être vrai. Mais Facebook ne fait évidemment pas ça sans espérer de juteuses retombées économiques. En collectant encore plus de données personnelles, marchandes cette fois, le réseau social va pouvoir augmenter ses revenus publicitaires. Les millions d’entreprises qui payent Facebook pour faire leur pub sur le site seront ravies de dépenser encore un peu plus, maintenant que leurs produits pourront être vendus directement avec le libra.