Mercredi, une Cour d’appel de Rio de Janeiro a décidé de la réincarcération de l’ancien président brésilien Michel Temer. Il est soupçonné par la justice d’être à la tête d’une “organisation criminelle” ayant détourné jusqu’à 1,8 milliard de réais.

Une Cour d’appel de Rio de Janeiro a ordonné mercredi la réincarcération de l’ancien président brésilien Michel Temer, poursuivi pour corruption. Cette décision est “exécutoire immédiatement”, a indiqué un conseiller de la Cour d’appel, qui a infirmé une décision de remise en liberté de l’ex-président rendue le 25 mars par un juge de première instance.

Michel Temer, 78 ans, avait déjà passé quatre jours en détention après son arrestation. Il est soupçonné par la justice d’être à la tête d’une “organisation criminelle” ayant détourné jusqu’à 1,8 milliard de réais (417 millions d’euros).
“C’est une surprise désagréable pour moi, mais je me livrerai volontairement demain”, a réagi l’ex-chef de l’Etat mercredi soir devant sa maison à São Paulo. Il a toutefois estimé que la décision de le réincarcérer était “complètement erronée sur le plan juridique”.

“Il n’y a aucun fondement pour cette incarcération”

“Il n’y a aucun fondement pour cette incarcération. Les juges disent eux-mêmes qu’il n’y a pas de risque” de fuite ou de destruction de preuves, a affirmé pour sa part l’avocat de Michel Temer, Eduardo Carnelos. “L’argument, c’est qu’il faut faire un exemple pour la société. Cette décision est une page triste de plus dans l’histoire récente de la justice brésilienne”.

Prédécesseur du président Jair Bolsonaro, Michel Temer avait été arrêté à Sao Paulo 80 jours après avoir quitté le pouvoir fin 2018, dans le cadre de l’opération “Lavage express”. Cette enquête tentaculaire, lancée il y a cinq ans, a mis au jour le plus grand scandale de corruption de l’Histoire du Brésil, autour de contrats de la compagnie pétrolière publique Petrobras, avec des grands groupes du BTP.

Le parquet a notamment évoqué un “système criminel sophistiqué” sur des projets de génie électro-mécanique dans la centrale nucléaire d’Angra, qui n’est toujours pas achevée. Michel Temer était arrivé au pouvoir en août 2016, après la destitution brutale de la présidente de gauche Dilma Rousseff – pour maquillage des comptes publics -, dont il était le vice-président. Il s’apprête à devenir le deuxième président brésilien incarcéré dans le cadre de l’opération “Lavage express”, après Luiz Inacio Lula da Silva, en prison depuis avril 2018 pour corruption et blanchiment d’argent.

Iran : Donald Trump annonce de nouvelles sanctions contre le secteur minier et l’acier

Un an après avoir annoncé la sortie des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, le président américain dit espérer “rencontrer un jour” les dirigeants iraniens pour négocier.

Donald Trump a imposé mercredi de nouvelles sanctions contre “les secteurs iraniens du fer, de l’acier, de l’aluminium et du cuivre” pour renforcer la pression sur le régime de Téhéran, et a menacé de prendre de nouvelles mesures si l’Iran ne “change pas radicalement d’attitude”.

Un an jour pour jour après le retrait de l’accord

Ces sanctions interviennent un an jour pour jour après le retrait des États-Unis de l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien, et alors que l’Iran a annoncé qu’il s’affranchissait à son tour de deux engagements pris dans le cadre de ce texte. 

“La politique des États-Unis consiste toujours à empêcher l’Iran de développer une arme nucléaire et des missiles balistiques intercontinentaux, et à contrer l’ensemble de l’influence néfaste de l’Iran au Moyen-Orient”, écrit le président américain dans son décret. “Grâce à nos actions, le régime iranien peine à financer sa campagne de violence et de terreur, et son économie tombe dans une dépression sans précédent”, a-t-il ajouté dans un communiqué.

10% des exportations dans le viseur

Selon lui, les nouvelles mesures punitives ciblent les “principales sources de revenus d’exportation du régime après le pétrole”, qui était lui déjà dans le viseur du Trésor américain. Soit 10% de ses exportations, a-t-il précisé. “Autoriser l’acier et d’autres métaux iraniens dans vos ports ne sera plus toléré”, a-t-il ajouté à l’intention des autres pays.

Donald Trump a toutefois réaffirmé son espoir de “rencontrer un jour les dirigeants de l’Iran pour négocier un accord et, fait important, prendre des mesures pour donner à l’Iran l’avenir qu’il mérite”

International

Accord nucléaire : l’Iran a décidé de suspendre certains de ses engagements

La décision a été notifiée officiellement en début de matinée aux ambassadeurs des pays encore parties à cet accord : l’Allemagne, la Chine, la France, la Grande-Bretagne et la Russie, mercredi. 

L’Iran a annoncé mercredi qu’il cessera d’appliquer “certains” de “ses engagements” pris dans le cadre de l’accord international sur son programme nucléaire de 2015, en réponse à la dénonciation unilatérale de ce pacte il y a un an par Washington. Cette annonce intervient dans un climat de tensions exacerbées entre l’Iran et les Etats-Unis, qui ont annoncé mardi l’envoi de bombardiers B-52 dans le Golfe. Washington a fait de l’Iran son ennemi numéro un au Moyen-Orient et le secrétaire d’Etat Mike Pompeo en visite surprise à Bagdad mardi l’accusé de préparer des “attaques imminentes” contre les forces américaines.

L’Iran va cesser de limiter ses réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi revenant sur l’engagement qu’il avait pris dans l’accord conclu à Vienne en 2015 limitant drastiquement son programme nucléaire, a indiqué le Conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN) dans un communiqué diffusé par l’agence de presse officielle Irna . La décision a été notifiée officiellement en début de matinée, à Téhéran, aux ambassadeurs des pays encore parties à cet accord (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie). 

De nouvelles mesures dans “60 jours” ?

Validé par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 a permis à Téhéran d’obtenir une levée d’une partie des sanctions internationales visant le pays. En échange, l’Iran a accepté de limiter drastiquement son programme nucléaire et s’est engagé à ne jamais chercher à se doter de l’arme atomique. Mais les États-Unis, qui se sont retirés du texte il y a exactement un an, ont rétabli des sanctions contre Téhéran, affectant lourdement l’économie du pays et les relations commerciales entre l’Iran et les autres pays parties à l’accord.

Les Européens, la Chine et la Russie ont maintenu leur engagement mais se sont montrés jusque-là incapables de respecter leur promesse de permettre à l’Iran de bénéficier des avantages économiques qu’il escomptait de l’accord en contournant les sanctions américaines. Mardi, le Conseil suprême de la sécurité nationale a donné “60 jours” à ces pays pour “rendre opérationnels leurs engagements en particulier dans les secteurs pétrolier et bancaire”. L’Union européenne a en particulier tenté de mettre en place un mécanisme pour permettre à l’Iran de continuer à commercer avec ses entreprises.

“La fenêtre qui est ouverte pour la diplomatie ne le restera pas longtemps”

“Si à l’issue de cette date butoir les dits pays ne sont pas capables de répondre aux exigences de l’Iran”, Téhéran cessera alors d’observer les restrictions qu’il s’impose “sur le degré d’enrichissement de l’uranium” ainsi que sur les “mesures relatives à la modernisation du réacteur à eau lourde d’Arak”, dans le centre de l’Iran. Le Conseil ajoute que les mesures annoncées aujourd’hui (mardi) sont réversibles “à tout moment” si les exigences de l’Iran “sont prises en compte”. En cas contraire, “la République islamique d’Iran cessera progressivement ses autres engagements”.

“La fenêtre qui est ouverte actuellement pour la diplomatie ne le restera pas longtemps, et la responsabilité de l’échec [de l’accord nucléaire] et ses conséquences probables incomberont entièrement aux États-Unis” et aux autres parties à l’accord, ajoute Téhéran. “Les mesures prises par les Etats-Unis, en particulier depuis un an mais aussi avant […] leur retrait [de l’accord] avaient clairement pour but de causer une interruption” de cet accord, a déclaré pour sa part le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, en visite à Moscou.

“L’Iran ne se retirera pas” de cet accord, et les mesures prises par Téhéran, d’une nature qui n’a pas été précisée, correspondent à un “droit” laissé aux parties à l’accord en cas de manquements par une autre partie, a insisté Mohammad Javad Zarif. Chargée de vérifier sur le terrain l’application par l’Iran de l’accord nucléaire de 2015 dénoncé il y a un an par le président américain Donald Trump, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a jusqu’à présent toujours attesté que Téhéran respectait ses engagements. Téhéran a ainsi limité jusqu’ici son stock d’eau lourde à 130 tonnes maximum, et ses réserves d’uranium enrichi (UF6) à 300 kg et a renoncé à enrichir l’uranium à un taux supérieur à 3,67%.

Venezuela : des députés poursuivis pour leur soutien au soulèvement raté de Guaido

Sept députés de l’opposition vénézuélienne vont faire l’objet de poursuites pénales pour leur soutien à Juan Guaido lors de son appel au soulèvement contre Nicolas Maduro.

Le pouvoir chaviste a décidé de se déplacer sur le terrain judiciaire, une semaine tout juste après le soulèvement raté contre Nicolas Maduro auquel avait appelé Juan Guaido, reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis. Le déclenchement de “poursuites pénales” à l’encontre des sept parlementaires d’opposition s’est fait en deux temps mardi.

La Cour suprême, que l’opposition accuse d’être pieds et poings liés au pouvoir chaviste, a d’abord ordonné que six d’entre eux soient poursuivis pour “haute trahison” et “conspiration”, entre autres chefs. Elle a ensuite remis leurs dossiers au parquet général pour instruction et à l’Assemblée constituante pour qu’elle examine la levée de leur immunité parlementaire.

“La seule réponse de ce régime est de poursuivre”

La première réaction de Juan Guaido à cette décision est intervenue lors d’une séance de l’Assemblée nationale qu’il préside et qui est dominée par l’opposition. “La seule réponse de ce régime c’est de poursuivre. Il ne gouverne plus, car il n’a plus les commandes”, a-t-il dit.

En début de soirée, la Constituante, uniquement constituée de fidèles de Nicolas Maduro, a ensuite décidé de défaire de leur immunité les six députés : Henry Ramos Allup, Luis Florido, Marianela Magallanes, Simon Calzadilla, Amerigo De Grazia et Richard Blanco. A ces six noms s’est ajouté celui d’Edgar Zambrano, contre lequel la Cour suprême avait déjà décidé que des poursuites seraient engagées la semaine dernière.

“Que chacun assume ses responsabilités. Nous assumons la nôtre aujourd’hui en ouvrant la voie aux poursuites contre ceux qui ont activement participé” au soulèvement raté de mardi, a lancé Diosdado Cabello, le président de la Constituante. 

La Constituante est l’une des deux assemblées au Venezuela. Créée en 2017, elle remplace, dans les faits, l’Assemblée nationale, dont les décisions ne sont plus prises en compte par l’exécutif. Elle est dotée de très larges pouvoirs, dont celui de lever l’immunité parlementaire des députés.

Les États-Unis poussent les hauts gradés de Maduro à faire défection

La Constituante avait déjà levée l’immunité de Juan Guaido en avril, considérant qu’il “usurpe” la fonction présidentielle. Et dans ce bras de fer, Juan Guaido est soutenu par les États-Unis. Pour tenter de déloger Nicolas Maduro du pouvoir, l’administration Trump a déjà pris toute une série de sanctions à l’encontre de hauts responsables civils et militaires.

Sur cette liste figurait jusqu’à mardi le général Christopher Figuera, chef du renseignement vénézuélien. Or, pendant un discours à Washington, le vice-président américain Mike Pence a annoncé que les sanctions à son encontre étaient “immédiatement” levées à la suite de sa défection la semaine dernière.

L’idée est de pousser d’autres hauts gradés à faire défection au profit de Juan Guaido. “Les Etats-Unis envisageront de lever les sanctions pour tous ceux qui soutiennent la Constitution et l’Etat de droit”, a lancé Mike Pence. Il s’agit aussi de la première confirmation officielle de la défection de Christopher Figuera.

Espagne : des djihadistes se finançaient en fraudant sur du poulet au Danemark

L’argent amassé, au moins huit millions d’euros, a permis de financer l’envoi de 24 Marocains et deux Espagnols en Syrie, au Mali et en Libye pour y combattre au nom de l’État islamique.

Une cellule djihadiste espagnole, aujourd’hui démantelée, se finançait en fraudant sur la TVA au Danemark via des entreprises vendant du poulet, du fromage ou du chocolat, selon l’enquête d’un collectif de journalistes européens publiée mardi. L’argent amassé – au moins huit millions d’euros – grâce à cette fraude démarrée en 2005 a permis de financer l’envoi de 24 Marocains et deux Espagnols en Syrie, au Mali et en Libye pour y combattre au nom de l’État islamique, affirme le quotidien espagnol en ligne El Confidencial, membre du collectif européen Correctiv.

Des liens avec 42 entreprises

Six membres de ce groupe basé dans l’enclave espagnole de Melilla dans le nord du Maroc ont été arrêtés “en 2014” a indiqué à l’AFP la Garde civile espagnole, qui a confirmé que l’enquête judiciaire sur leurs activités était toujours en cours. Via des contacts avec des djihadistes danois, le groupe avait tissé à partir de 2005 des liens plus ou moins étroits avec 42 entreprises notamment danoises, plaçant des membres ou des proches à leur tête au fil des années, affirme El Confidencial.

Le groupe profitait des failles dans la législation européenne pour ne pas payer la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les produits vendus par ses entreprises, s’appuyant sur un mécanisme complexe de sociétés-écran. Selon l’enquête du collectif Correctiv, à laquelle ont participé 42 médias européens, ce mécanisme permet à des groupes criminels de détourner chaque année 50 milliards d’euros au détriment des États membres de l’Union européenne.