Une nouvelle publication dans le journal en ligne Reviews in Mutation Research montre une nette augmentation du risque de lymphome. Cette étude, menée par un groupe de chercheurs de plusieurs universités américaines regroupe toutes les données existantes. Et elle décrit un risque accru de 41% pour les travailleurs les plus exposés aux herbicides à base de glyphosate, comme le Roundup, de développer un lymphome non hodgkinien.

Le glyphosate serait responsable d’une forme rare de cancer du sang, le LNH, lymphome non hodgkinien. Atteint de cette maladie, Dewayne Johnson, l’ex-jardinier californien, longuement exposé à l’herbicide Roundup, a d’ailleurs gagné en justice contre Monsanto en août dernier. A ce jour, 9 000 procédures judiciaires sont en cours aux Etats-Unis contre Monsanto, le géant des pesticides.

Cette nouvelle étude menée par des chercheurs américains pourrait apporter de l’eau à leur moulin. Elle agrège en effet les résultats des données existantes concernant la maladie développée par des personnes qui avaient été exposées à des produits à base de glyphosate. Les chercheurs rapprochent ces données des études expérimentales réalisées sur les souris, puisque chez les rongeurs aussi, on retrouve des lymphomes malins, équivalents du LNH.

Pour Monsanto, l’étude « mélange des données incompatibles »

La firme allemande Bayer, qui a racheté Monsanto en 2018, a riposté en jugeant que la publication « mélange des données incompatibles » et que des agences réglementaires avaient conclu que le glyphosate n’était pas cancérogène.

Cette nouvelle étude vient consolider les conclusions du Centre international de recherches contre le cancer (CIRC, qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé) qui avait classifié le glyphosate comme cancérogène probable en 2015. 

Sciences

Notre planète bleue de plus en plus verte, une bonne nouvelle en trompe-l’œil

Alors que la détérioration du climat et de l’environnement est devenue un sujet de préoccupation mondiale, un rapport a créé la surprise ce mois-ci : la Terre est plus verte en 2019 qu’elle ne l’était il y a vingt ans. Pour autant, le tableau n’est pas totalement rose.

Depuis 1999, des chercheurs de la Nasa ont obtenu et analysé chaque jour des photos de notre planète bleue. Et les conclusions rendues dans la revue Nature Sustainability sont pour le moins inattendues : la Terre a reverdi de 5,4 millions de km2 entre 2000 et 2017. Si l’Union européenne, la Russie, le Canada ou l’Australie se sont revégétalisés, c’est la Chine et l’Inde qui détiennent le palmarès du reverdissement. « C’est une découverte surprenante, compte tenu de la dégradation des sols due à la surexploitation dans les pays très peuplés », a déclaré dans un communiqué Chi Chen, doctorant à l’université de Boston, auteur principal de l‘étude.

La reforestation à tout-va en Chine

Si l’Inde et la Chine ont la mauvaise réputation de faire passer l’industrialisation de leur Etat avant la protection de la planète, ces deux pays sont pourtant, d’après le rapport de la Nasa, de bons élèves en matière de reverdissement. Ces deux pays parmi ceux qui produisent le plus de gaz à effet de serre représentent à eux seuls 33% de cette revégétalisation. Selon le rapport de la Nasa, en Chine, elle est à 42% due à la reforestation, contre 32% attribuable à l’extension des terres agricoles. A l’inverse, en Inde, l’agriculture est responsable de plus de 80% de la végétalisation, et la reforestation compte pour moins de 5%.

En Chine, selon l’observatoire Global Forest Watch, huit millions d’hectares de forêts ont été perdus entre 2001 et 2016 en Chine. L’an dernier, le gouvernement avait annoncé que d’ici 2020, 23% du territoire devraient être couverts de forêts, une proportion qui devrait atteindre 26 % à l’horizon 2035. Par ailleurs, entre 2012 et 2017, l’équivalent de 68,3 milliards d’euros a été dépensé pour replanter des arbres dans le pays, portant la superficie totale des forêts en Chine à 208 millions d’hectares. Ainsi, note le rapport publié dans Nature, la Chine est en train d’élaborer des programmes ambitieux de conservation et d’extension des forêts dans le but d’atténuer la dégradation des sols, la pollution de l’air et le changement climatique.

Si la reforestation est devenue une priorité en Chine, les résultats d’apparence positive sont cependant à relativiser du côté de l’Inde puisque dus principalement au développement de l’agriculture intensive.

Une bonne nouvelle à relativiser pour l’Inde

L’indice de surface foliaire calculé sur un an a en effet augmenté pour un quart en raison de l’augmentation de la forêt, mais pour l’essentiel par une augmentation des cultures. « Si vous avez une culture par an pendant trois mois, c’est moins que si vous avez trois cultures par an qui se succèdent toute l’année étant donné que le sol n’est quasiment jamais au repos. C’est cela qui explique essentiellement ce reverdissement », explique Frédéric Landy, professeur à l’université de Paris-Nanterre et directeur de l’Institut français de Pondichéry.

Or en Inde, depuis la « révolution verte » (intensification des cultures, utilisation d’engrais, forte mécanisation) les cultures se font plusieurs fois par an. « Ce reverdissement, poursuit Frédéric Landy, est donc en réalité une reconquête de terres qui étaient déjà cultivées, déjà boisées, mais qui sont plus vertes qu’avant grâce à une occupation du sol plus permanente. »

Ces chiffres dévoilés par les chercheurs de la Nasa ne sont donc pas vraiment une bonne nouvelle. La reforestation vue par les satellites est pour beaucoup un reboisement en trompe-l’oeil avec des plantations, de café notamment en ce qui concerne l’Inde (qui pousse à l’ombre des arbres). « Le fait qu’il y ait deux ou trois cultures par an, imaginez le coût écologique en termes d’engrais chimiques, de nitrates qui polluent les nappes, nappes d’irrigation souterraines qui disparaissent complètement, épuisées par l’essor des forages », note le directeur de l’Institut français de Pondichéry.

L’Inde, pays de plus de 1,3 milliard d’habitants, a été applaudie en 2015 pour avoir ratifié l’Accord de Paris sur le climat. Mais, comme aux quatre coins de la planète, le discours mondial sur les changements globaux et la protection de l’environnement doit faire face à une réalité concrète : faut-il protéger l’environnement ou doit-on privilégier la croissance économique ? Certains ne cachant ouvertement pas leur choix.

De mauvais élèves

Si, en 2019, la surface de revégétalisation équivaut à la taille de la forêt amazonienne, surnommée le « poumon de la terre », il reste encore de nombreux progrès à réaliser pour certains pays pour lesquels la protection de la planète est bien loin d’être une priorité. Le Brésil et l’Indonésie sont régulièrement pointés du doigt et verbalisés pour leur pratique de déforestation à tout-va.

Un rapport de l’ONG Greenpeace dévoilé ce 15 février note que des sociétés indonésiennes doivent au moins 1,3 milliard de dollars d’amendes impayées après avoir provoqué des incendies et des destructions de forêts. L’organisation a étudié 11 affaires entre 2012 et 2018 impliquant des producteurs d’huile de palme et des papetiers qui avaient été condamnés à des amendes par des tribunaux civils de Jakarta. « Mais aucune de ces affaires (de destruction) de forêts n’a débouché sur le paiement de dédommagements », relève Greenpeace.